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Dors mon enfant

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Dors mon enfant
Partout au monde les moutons mangent l’agneau noir
Je suis un mode irrégulier du verbe aimer
On me décline en émissaire
L'agneau noir, le bouc, la chèvre
J’égrène le devoir de vivre et de penser
J’appelle au droit à la différence
Dors mon enfant

Grand père est parti
Il est en nous

 

Dors mon enfant
Ils reviendront les moutons
Cachés sous des toisons de colombe
Ils viendront dans le cortège
Des anges noirs, des griffes et des djihads
Dans les par cœur de Livre de haine
Dors mon enfant
Et si un jour je meurs
Je resterai dans l’écorce du verbe
Et si je ne suis plus
Je resterai en vous.

JMS - "Et leurs enfants pareils aux miens"

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Ile Eniger

Publié le par Cheval fou

Ne viens pas. Tu toucherais le côté des choses qui doute. La peur de la morsure. La parole rangée. La maison sans oiseaux. Tant de jours ont filé sans l'heure certaine. Tant de pierres ont tracé pour peu un semblant de chemin. Plus rien ne ressemble. Les pivoines ne fleurissent plus. Le cahier est fini. Les arbres paraissent tristes. Tu ne verrais que verbiage, encens de reliefs consumés, le dernier barreau trop haut, les mains tendues risquant le fer. Tu ne saurais où trouver la fontaine. Ne viens pas. Il ne pleut plus. Ne neige plus. Ne vente plus. Un soleil désertique dessèche la récolte. Ne viens pas. Le cri de la chouette n'éclaire plus la nuit.

Ile Eniger - Les amandiers fleurissent dans la neige

Publié dans Ils disent

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Les arbres rêvent

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Les arbres rêvent

c'est pour cela qu'ils ne parlent pas

Les arbres rêvent
c'est pour cela qu'ils ne marchent pas
Ils inventent des mondes

Nous ne sommes qu'une odeur de mots et de vie
dans l'imaginaire d'une feuille :
        un frisson chlorophylle

Nous ne sommes qu'une frayeur d'arbre
et l'arbre fait un cauchemar

Un homme s'est évadé du cauchemar
Entre des étoiles vacillantes
il court
dans une nuit froissée de mauvais rêves
Il court
dans le cliquetis des lumières scintillantes

L'arbre ne voulait pas Hiroshima
L'arbre ne voulait que des fleurs et du vent
Mais l'arbre a fait un cauchemar
Un mauvais génie l'a inspiré
Il l'a appelé
Homme.

Ce n'était pas une bonne idée
La mauvaise graine,
comme toujours, court
        court plus vite que la vie
                hors de son rêve
                        en royaume cauchemar

Elle court,
une tronçonneuse à la main
cette mauvaise idée qui s'appelle homme
        cette mauvaise idée qui abat l'arbre

Les étoiles s'étiolent et le vent se brise en odeurs fétides
La vie se casse en goudron mangeur d'oiseaux

L'homme n'était pas une bonne idée
L'arbre ne voulait pas Hiroshima
Un mauvais génie l'a inspiré

L'arbre ne voulait que des fleurs et du vent.

JMS - Extrait de "La diagonale du silence" - Editions Chemins de Plume

 

Texte inclus dans le spectacle de la "Dégaîne Rêve"

    "Le 8ème Horizon"

dit et écrit par : Ile Eniger - Jean-Michel Sananès

avec

  Bruno Sananès (chansons et musique)
Printemps des Poètes 2010
12 Mars 20h30
au Centre Culturel "La laiterie" - Bd de la Liberté - 84160 Cadenet

 

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Mano Dayak

Publié le par Cheval fou

Ce texte, parce qu’il y a une Internationale des mères, de la vie et de l’espoir. Il nous affirme que, ce qu’il y a de plus admirable dans la mission de l’homme, c'est ce don qui consiste à transmettre à l’enfant quelque chose de plus grand encore que la route des étoiles, de lui offrir la cartographie infinie qui jalonne les alphabets du monde et nous sort de notre condition animale pour nous ouvrir la route du savoir et de la conscience.
Je voudrais que pour chacun, ce texte soit lu comme une lettre à nos mères et à ceux qui de Sapiens à Erectus ont fait de nous des hommes qui ne seront Hommes que lorsqu'ils sortiront de leur statut de nains culturels voués à un seul livre unique et parfois inique dans son désamour de l'autre, pour chanter tous les livres de la Conscience.
jms
____________________________________
"Avec des gestes graves, elle (ma mère) m'a appris à lire les vingt-six lettres de l'alphabet tifinagh qui compose la langue tamasheq. Je revois ses doigts voltiger  pour tracer sur le sable des signes géométriques : le cercle qui désigne le "R",  le trait horizontal qui indique le "N", les quatre points pour la consonnance "KH",  le rond précédé de deux points et d'une parenthèse renversée qui compose le mot "chat". Elle faisait une pause,  effaçait de la main ce qu'elle avait écrit, me demandait de répéter ses gestes. J'essayais de mon mieux. Pour me récompenser, ses ongles dessinaient des poèmes; Elle griffait le sable de ses doigts de joueuse d'imzad. A peine avais-je le temps de m'étonner que'elle effaçait ce qu'elle avait écrit pour composer de nouveaux caractères.
Combien de fables et de ballades se sont ainsi envolées sous l'aile de sa main ou bien au vent des dunes ?"
(...)
" Je dois tout aux leçons de ma mère. C'est elle qui m'a appris à démonter  et à remonter la tente, à plier et à déplier le lit taillé dans le torcha, un arbre au tronc épais mais au bois tendre et léger. C'est elle qui m'a fait découvrir les étoiles qui annoncent les changements de saisons. C'est elle qui m'a révélé les différentes castes des gens de ma tribu, les Iforas.
C'est elle qui m'a enseigné la lecture, le chant, la poésie. C'est elle qui...".
 
MANO DAYAK

Publié dans Ils disent

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Les temps changent

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Les temps changent
depuis la fin de la guerre la glace fond
les Américains ne jouent plus
à la roulette russe
les Russes n’ont plus
de casse-têtes chinois
les Chinois jouent à la bourse

Rien ne va
je n’ai gagné aucune guerre
j’ai perdu mes illusions et mon banquier

J’avoue
j’ai joué
j’ai perdu mes dents

Il en coûte cher de jouer
à la roulette
mon dentiste a gagné

Mes nuits sont longues
mon cœur trop rapide
la surprise est immense
je n’en suis jamais revenu
depuis ma femme me cherche

JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros

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Jean-Marc La Frenière

Publié le par Cheval fou


Le Messie est une carte de crédit

Le monde nous convoque à shiner son cercueil. Le pire problème de l’homme est l’argent est ses dieux. La véritable foi n’a pas besoin d’église. Les minarets et les clochers assujettissent les croyants. Pendant que le clergé encense tous les Franco du monde, le Pape répudie les prêtres rouges en Amérique du Sud. Celui qui aime n’a pas besoin de simagrées ni de salamalecs, le front tourné vers la Mecque, les genoux usés sur un prie-Dieu. Quand un semeur se crache dans les mains, sa sueur est sa seule prière à la moisson future. Dans un monde de profit, la bonté de l’homme est devenue un vice. Tu es trop bon. Tu es trop bonnasse. Tu penses trop aux autres. L’homme préfère sa voiture à son chien, son portable au voisin, la pub à la réalité, le nom des acteurs et les effets spéciaux à l’histoire du film et sa partie de hockey à la voix des enfants. Le vieux mur du monde se barbouille d’affiches. La pauvreté se cache derrière les néons. Qui dit vrai ? Qui dit faux ? Tous les slogans s’annulent dans la bouillie des ondes. Le sang sur les écrans anesthésie la honte.

 Nos frères s’entretuent de prières et d’argent. Les chemises noires reviennent déguisés en banquiers, le cash pour Fuhrer. Le sourire aux lèvres, l’attaché-case au bras, ils vendent les cadavres et crachent sur le cœur. La haine les unit dans le goût du profit. Les peuples s’entre-égorgent en croyances contraires. Chaque monnaie d’échange nous éloigne de vivre. Chaque prophète hurle en tuant son prochain. Ni carte Visa ni Mastercard ! Ni Vishna ni Allah ! Ni Euro ni Dollar ! Ni les bras du passé ni le baiser du ciel ne nourrissent l’espoir. Le temps presse aujourd’hui. Même le désespoir accouche par césarienne. Les âmes que nous sommes se perdent sous la peau. Les phrases les plus belles s’écrivent sur le sable. Il ne suffit pas de retirer les clous des mains d’un crucifié pour qu’un ange apparaisse. Il suffit d’une main prolongeant d’autres mains, d’une paume tendue pour accueillir le vent, le pollen, la pluie, d’un petit doigt d’enfant cicatrisant la nuit, d’une voix dans le silence déclarant son amour.

  Le sang ne trouve plus son chemin vers le cœur. Comme des petits Poucet, les doigts de la mémoire laisse échapper des miettes. L’eau bénite à la fin se retrouve à l’égoût. Un rat dans une église est le seul à prier. Les hommes font semblant de parler aux statues. Le capital est un assassinat. Son travail n’est jamais que la paresse du cœur. L’homme n’est plus qu’un singe au volant d’une auto. Serait-il possible qu’on redevienne humain ? Je cherche une lime dans un pain pour m’évader du vide. Je resterai fidèle au bois mort, à la chair, à la terre, aux étoiles. Je défends l’infini contre les billets de banque. Je colmate les brèches avec des mots doux. Je sers la poésie comme on sert la soupe. J’expose à la lumière les instruments de l’ombre. J’écrase les pépins dans le fond des voyelles. Je tire l’étincelle d’une poignée de cendres. Une fourchette m’émeut à l’égal d’un pain. J’attends quelque chose ou quelqu’un dans l’encre sur la page. Qu’une question se pose ou non, aucune réponse ne suffit à l’enfant. Je cherche une grammaire où le verbe vivre n’a pas de conditionnel. Je n’attends pas que les bourgeons soient saouls, que les branches soient folles, que les feuilles soient foule pour parler aux oiseaux. Ils jettent sur la page leurs petits grains de vol qui fleurissent en ciel. Mon cœur se réfugie entre les anges et les mésanges, les dahlias et les roses. L’amour aux lèvres et la colère aux tripes, je grimpe sur les mots pour saisir un éclair dans le gâchis des ombres.


Par la freniere
- Prose

http://lafreniere.over-blog.net

Publié dans Ils disent

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