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Étude sur les trous et le bon usage des trous

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Étude sur les trous et le bon usage  des trous

Si vous vous en êtes sorti, vous le savez, en matière de trous, la première difficulté est de les apercevoir. À l’évidence, les trous ont vocation à se dissimuler. Ils n’hésitent jamais à épouser la première forme venue, à s’embusquer aussi bien dans les casseroles, que dans les dents creuses et les trous de nez. Parfois même ils se terrent dans des oreilles si sourdes que les bruits de cœurs ne peuvent les emplir. Il en est même qui habitent des regards vides ou des esprits creux quand ce n’est  d’autres trous qu’il est mal séant de citer !

Pour s’assurer qu’un trou ne se cache pas dans un verre, il est conseillé de remplir le verre. Pour s’assurer qu’un trou ne se cache pas dans une tête, il faut la remplir de pensées, de poèmes, et d’histoires. Les trous sont partout. Soyez-en sûr, quand on ne les voit pas, ils se cachent.

Certains les diraient dissimulateurs ou hypocrites, mais n’en croyez rien, ils sont simplement discrets et effrayés par le bruit, la rumeur, et toutes ces choses que l’on met dans le vide des têtes. Les trous ont peur de se retrouver remplis d’images creuses ! Ils craignent les idéologues du virtuel, les chasseurs de trous et ceux qui sévissent entre le pouvoir et l’écran. Les tueurs d’imaginaire, les terrorisent, les trous ne veulent plus être habité par du vide. Ils veulent du rêve, de la bonté, de l’intelligence et de la musique. Les trous préfèrent les bonnes solitudes aux mauvaises cohabitations, ils disent que certains mots sentent mauvais. Ils fuient les pensées nauséabondes et, de ce fait vivent souvent si bien cachés qu’on ne les voit pas.

Comment apercevoir les trous ?

Les trous ressemblent souvent aux grandes idées, notamment à toutes celles qui ont toujours fait le creuset des religions et des idéologies rigoristes. Depuis la nuit des temps et depuis l’agitation des langues, des phrases et des mots, on en parle sans trop les voir, et ils ne semblent exister que lorsque des actes démontrent leur présence, ainsi tomber dans un trou peut en paraître une preuve, mais parler des trous c’est comme parler de la faim, en matière d’invisible il a toujours difficulté à décrire et démontrer. Il y a des choses que l’on voit et d’autres que l’on ressent.

Pourtant, du ventre de notre mère au trou final, les trous nous cernent. Ils nous côtoient, certains d’entre nous passent toute leur vie à vouloir en combler le vide pour bâtir leurs grands principes et pour s’en faire des consciences, d’autres passent leur vie à faire leur trou ou à sortir de leur trou.

Comme certains grands principes ou grandes religions qui ont fait leur trou dans la société, et bien que moins surveillés, les trous peuvent être tout aussi dangereux. À boire comme un trou on a des troubles de la raison et de l’équilibre, des troubles digestifs, des trous dans l’estomac, des trous de mémoire, des trous dans ses poches. À se faire trouer la peau au nom des grandes idées, on meurt sans même prendre le temps de faire son trou.

Mais nous le savons bien, les trous n’ont pas plus de vocations joyeuses ou ludiques que de vocations morbides, ne tournons plus autour des trous, soyons pragmatiques, les trous ont aussi de multiples usages : parlons de leurs utilisations les plus communes.

Application 1 : Le tube

Pour faire un tube, il vous faut prendre un trou cylindrique et l'habiller de fonte, de plastique ou d’argile, sitôt fait, vous pourrez l’utiliser en tuyau pour un usage ménager.

En musique la recette est un peu différente : choisissez un trou cylindrique de petite taille, 6 à 8 millimètres, habillez-le de 15 centimètre de vinyle puis remplacez le trou central par de l’air, mais un air de musique bien sûr, et vous aurez un bon vieux 33 tours, si vous êtes plus moderne habillez le de polycarbonate pour en faire un CD.

Nota 1: certains trous habillés de musique font d'excellents tubes.

Nota 2 : depuis nos vieux 78 tours, il est courant que les meilleurs tubes contiennent de la musique, des idées, de la poésie, beaucoup ont fait 33 révolutions à la minute.

Nota 3 : les bonnes idées peuvent être d'excellents tuyaux.

Avertissement.

Sachez qu’être au fond du trou, n’est jamais bon signe

Application 2 : La boîte

Pour fabriquer une boîte, il vous faut, dans un premier temps, trouver un trou de forme adaptée à votre projet, qui lui même doit trouver une idée pour être utile et creux, ce qui dans ce cas précis n’est pas antinomique. Choisissez toujours un trou de bonne qualité, parfaitement évidé et transparent. Évitez les trous de mémoire, trop faciles à perdre, de même que les trous à la banque trop souvent onéreux, les trous d’ozone et les trous de la Sécu à taille toujours incertaine. Soyez vigilant, n’utilisez pas de trous de serrure si vous n’en avez pas la clef. De même ne cherchez pas de trou dans les trous perdus, ils sont impossibles à trouver.

Soyez simple, faites dans la proximité.

Si vous habitez dans un trou, utilisez la matière locale et faîtes toujours selon vos moyens. Ne vous laissez jamais troubler. Si vous êtes ambitieux, exploitez des mines de trou à ciel ouvert. Si vous êtes un petit faiseur, achetez du gruyère, videz-le de ses trous, alignez-les pour en faire des cubes ou des parallélépipèdes, sans jamais oublier que la plus grande méfiance s’impose car il faut toujours évitez les trous noirs, les trous d’air, les trous d’eau, les troupeaux de rien, et l’ivresse du trou normand…  et surtout, méfiez-vous des trublions et des bouches trous.

Là, quand vous avez votre trou, façonnez-le avec application : posez du papier sur le tour du trou ou, faute de papier, habillez l’extérieur du trou sur 5 côtés pour ne pas fermer complètement la boîte. Cela fait, soyez très fier de vous, vous avez traqué et cerné le trou, votre boîte est faite.

Cependant n’oubliez jamais que tout doit se faire avec la plus grande attention, si vous tombiez dans le trou, la mise en boîte pourrait vous être fatale.

Nota 1 : si vous êtes méthodique et sobre choisissez de préférence des trous de forme cubiques parfaits pour des idées carrées.

Nota2 : si vous êtes fantasque, distrait ou lettré choisissez des trous parallélépipédiques rectangles, ils s’adaptent mieux aux idées courbes.

Là encore, les bonnes idées peuvent faire les bons tuyaux.

Leçon de mise en boîte :

Si votre travail vous plaît, c’est que la mise en boîte a pris forme, il ne vous reste plus qu’à trouver un naïf, et pour cela, il vous faut mettre un appât au fond de la boîte qui entoure le trou.

Sitôt que le naïf mord à l’appât, avant même qu’il ne se retourne, vous vous devez d’habiller le 6ème côté de la boîte, de bois, de plastique ou de carton, sans rien laisser dépasser du trou.

Si le naïf se débat, avant qu’il ne s’échappe, renforcez rapidement la boîte et jetez-la dans un trou !

JMS

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Promesse de l’aube grise (pamphlet)

Publié le par Cheval fou (Sananès)

 Je suis assis, carrefour des aubes grises, là où vacillent des champs d’espoirs anciens. Les petits bonheurs font illusion, les grands bonheurs sont en croise-ailleurs.  Je viens de loin, j’ai fait le voyage intérieur, j’ai fait le compte et le décompte, j’ai l’âme ébréchée, le cœur écorché, l’oiseau qui m’habitait semble cloué à de vieilles nostalgies.

Pour la première fois depuis cent mille ans, pour la première fois depuis que j’ai quitté mes grottes du Hoggar, depuis que mon frère de Tautavel a migré emportant le cri des vents, depuis que j’ai fui la vieille Mésopotamie, pour la première fois, le monde rétrécit.

Moi qui viens de mémoire sapiennes, je vous le dis : le bilan est mauvais.

J’ai peur comme quand il fait nuit et froid.

Comme quand j’ai mal de Toi.

Pourquoi n’existes-Tu pas pour allumer la torche des prières ?

Où as-Tu mis le rêve ?

Au décompte de l’espoir, je ne trouve que des enfants qui ont peur, du sang et de la faim.

J’ai peur du crépuscule des rêves et de l’aube grise.

Ils sont là les mange-promesses, les dresseurs de mensonge, les mange-planètes et les démagogues

Assis au carrefour des aubes grises, je voulais croire, mais en matière de promesse tout ne va pas aussi bien que ça. Pourtant, main sur le cœur ils avaient dit :

Le droit au logement, la fin des sans abris, la fin de la faim…

Mais… c’est quand ?

Tout pose problème.

Cela me perturbe.

Les rêves inutiles m’éparpillent, je meurs en utopie et poèmes surannés.

J’arrive trop tard, Sniper vomit sa haine. L’humanisme n’a plus cours.

Est-ce la banque-route de l’espoir ?

Devrais-je changer et participer, entrer de plain-pied dans ces temps nouveaux ? 

La question se pose, devrais-je apporter ma pierre aux déréglementations de la conscience ou, de façon plus appropriée, ôter ma pierre du vieil édifice de la solidarité et de l’éthique ?

Au décompte de l’espoir et des enfants qui ont peur, dois-je me demander :

À quoi donc peut servir un homme si l’on ne peut en faire un chômeur ?

Si l’on ne peut le soumettre ?

À quoi donc peut servir un homme si l’on ne peut en faire un esclave du nouvel ordre mondial ?

Dois-je me demander :

À quoi donc de nos jours servirait une conscience si l’on ne pouvait s’asseoir dessus ?

Hé oui, les temps sont là mon vieux Shakespeare, la société pose ses lois. Faut-il en être ou ne pas en être ?

Pour m’intégrer, devrais-je surveiller, espionner mes voisins, croire que "La dénociation est un devoir républicain" ? 

Les temps changent et moi-même je change, j’en arrive à me demander : où en est le fichage des bébés ?

 

Au carrefour des aubes grises je deviens raisonnable, je suis de notre temps. Les fichiers de la délation organisée me m’interrogent plus, je rentre dans l’ordre, je déballe des mots bottés, j’écris des marches militaires et des discours anti-écologiques. Pour sûr, j’ai loupé Vichy, mais qu’à cela ne tienne, je suis bon teint, j’adhère aux grands projets : tenez, dès demain, je pars repérer les bébés délinquants !

Aujourd’hui, amis de l’aube grise et chers amis con-citoyens, je vous le demande, apportons tous ensemble notre contribution aux nouvelles exigences du projet social. 

Amis bien-pensants, dressons les bébés fortes têtes. Sanctionnons les, passons leur l’uniforme que j’ai spécialement créé pour les bébés hurleurs.

Avec moi, remettez  à l’ordre du jour un de ces bons vieux journaux qui fleurissaient sous Vichy. Non ce journal ne se nommera pas l’Anti-bébé mais :

Le Matricule des Langes.

Journal garanti non révolutionnaire

 

Chers amis et con-citoyens, soyez actifs,  soyez de votre temps !

Vous êtes conviés à m’adresser des photos, des noms, des adresses de bébés délinquants.

J’attends !

Je n’habite plus les Promesses de l’aube grise, je consume le noir des heures

J’attends.

Votre dévoué Collaborateur

Âne Fou

JMS - "Et leurs enfants pareils aux miens"

 

Uniforme

  

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matricule n°1264

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Carnet de notes

Publié le par Cheval fou (Sananès)

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JMS - Carnet de notes

Publié dans Aphorismes de JMS

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