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À Léo

Publié le par Ile Eniger

Cet article est reposté depuis une source devenue inaccessible.

À Léo                                                                               

Avec mes remerciements à Ile pour ce texte qui m'émeut.

Le petit chat est mort. Il l'a trouvé dans son panier à l'heure de midi, quand il n'est pas venu réclamer sa gamelle. Il a cru qu'il dormait, il ne manquait que le souffle et le regard. Le petit chat gentil est mort gentiment, comme il avait vécu. L'odeur du printemps s'est juste faite triste. Est-ce important la mort d'une bête ? Est-ce important cet amour qui s'arrête ? Est-ce important l'envol silencieux d'une petite âme ? Le petit chat est parti sans bruit, sans se plaindre. Couché sur un coussin de silence il a quitté l'effervescence des jours. Le vieil homme est dévasté. Il fait un trou dans la terre dure du jardin. Tout à l'heure il y couchera la petite boule de poils et de tendresse, la somme des jours heureux. Et plus rien  ne sera plus comme avant.

Ile Eniger - Les pluriels du silence (à paraître)

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Adieu Léo,

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

31 mars 11 heures

Tu es magnifique, on croirait que tu dors.
Je te croyais mon compagnon de dernière nuit,
comme un enfant je pleure,
je te pleure ma petite boule de tendresse,
mon trois pattes.
Tu n'as rien dit et tu t'es endormi,
tu es parti,
seul, Léo
et cela me fait mal,
pourquoi, m'as-tu fait cela ?
Question inutile, tu ne répondras pas.
Maintenant je sais
qui de nous deux partira le premier,
j'en pleure comme un enfant.
Tu ne me parleras plus,
tu ne m'appelleras  plus,
tu pars emportant une part du jour,
tu nous laisses seuls à affronter
ton absence
immense
comme le présage d'une irrémédiable solitude.
On croirait que tu dors.
Et moi, comme un enfant
je pleure.

JMS
ce matin à 11 heures
 

 

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L'âme

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Partout, l'âme du jour se décline dans ses possibles,
ils sont milliards d'échos dispersés dans l'universalité de la seconde,
à leurs portes, mon œil et tout l'irraisonnable de la raison
savent que la beauté n'est que la peau d'apparence des âmes,
combien de têtes charmantes, de fleurs, de joliesses endimanchées
ont-elles porté, en elles, la mort et le crime ?

Tout a une âme,
l'esquisse de cette pensée qui se fera poème,
les odeurs, les mots, les chansons, la couleur des rires,
les pierres, le chemin, l'instant, le visible, l'invisible,
le vivant et le passé en sont imprégnés.

Les  âmes sentent
le printemps et ses espérances, la vie,
la colère, le désespoir, l'envie, la mort,
elles sont en cet enfant qui pleure et me froisse le cœur, 
en l'image de l'odieux posée sur un écran TV,
en l'image-soleil d'une fleur qui réveille la saison.
Il me suffit de lire Prévert pour y trouver mon âme d'enfant,
Ferré pour y entendre vibrer le cri des misères,
La Frenière pour sentir le frisson de l'herbe,
Ile Eniger pour percevoir l'exactitude du cri 
Mireille Barbieri pour respirer le souffle de la Provence,
entrer dans  un tableau de Slobodan pour aller plus haut que le rêve.

Tout a une âme,
L'arbre qui gémit au coup de la hache,
la fleur qui saigne sous le pas.
Elle est dans regard de qui côtoie la conscience.

Laissez-moi fuir les belles phrases,
me tenir loin de l'envie qui se fait convoitise,
loin de ceux qui font chanter la haine et  la guerre.

Toutes les âmes n'ont pas la même taille,
je sais l'immensité de celle du moineau,
de celle effrayée de l'animal aux portes de l'abattoir,
et la monstrueuse, qui oriente le couteau et le fusil.

Perdu dans l'infini,
je suis parcelle de l'âme originelle
celle de terre et d'eau
venue d'un temps géologique
où la poussière flirtait avec la vie.
Je suis celui qui écoute et creuse  encore l'espoir
dans les parfums d'un printemps qui vient,
celui qui pleure au jardin des âmes   
quand, là-bas, le canon résonne.
Je suis celui qui, dans la transcendance du jour,
cherche l'âme du verbe Aimer.
 
JMS

Publié dans JMS - A paraître

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Quand la peinture me trouble

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Magritte : variante de la tristesse

La poule anthropophage
avec délice regarde
l'enfant de son désir.
 
L'œuf funambule joue les monte-en-l'air
sur fond de chute ; de blanc à jaune,
le chemin est si court !
 
Magritte fige une variante de la tristesse
le glousse sans rire se veut bucolique
sur la montagne bleue où le loup s'est perdu.
 
L'air est frais comme ce regard
qui cherche la petite bête au fond d'un tableau,
mais vite, fuyons avant qu'elle ne grandisse.

jms

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Encore une fois de Ile Eniger dans, "Les pluriels du silence" (à paraître)

Publié le par Ile Eniger

Cet article est reposté depuis une source devenue inaccessible.

Un soleil neuf réveillait la blondeur des pierres. Le matin poussait le volet de la chambre bleue. Un air frais de jardin souverain s'avançait, lavait le regard. Ton sourire m'attendait porteur d'une odeur de café. Des effluves de thym, romarin et lavande entraient avec toi dans la maison. Ton baiser ouvrait ma journée. Tes gestes arrondissaient l'heure. Tous mes matins ainsi fleurissaient. Retenir ces images. Juste un moment. Sentir ton épaule solide et accueillante. Parcourir avec toi la transparence des oliviers, la terre fertile du potager, le babil des mésanges. Ratisser le pied des lilas, respirer ensemble les roses anciennes, revoir le chat courir après les libellules. Et attendre avec toi la rougeur des cerises, un goût de bonheur sur la langue. Juste un moment, amender l'indigence des jours pour goûter, encore une fois, la douceur des mûres au jardin.

Ile Eniger - Les pluriels du silence (à paraître)

Publié dans Ils disent

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Avant mon chat

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Avant mon chat,
il y avait des gâteaux
et des hirondelles dans ma jeunesse.
Avant mon chat,
j'étais un autre,
mais où que j'aille en mon autre,
il y avait un peu de moi.
Si peu pourtant,
que j'ai fini par devenir cet autre.
Puis, à finir de vouloir être un autre,
j'ai été moi,
mais les hirondelles étaient parties.
 
L'âge m'est venu
comme une tasse de café renversée,
comme un rêve coincé dans l'encoignure d'une porte,
l'escalier s'est cabré,
alors, j'ai eu peur de trop vieillir
de ne plus me rappeler
que, lorsque je vivais parmi les autres,
ils ne me voyaient pas,
ou ne se souvenaient
que du petit moi dont ils avaient besoin.
 
Le temps du printemps  
et des hirondelles est fini
mais il y a mon chat,
mon chat qui est là,
et qui, d'une patte à cinq griffes,
m'affirme que nous habitons le présent,
et que, jusqu'à ce que vienne la nuit, nous serons deux.
 
Mais encore j'ai peur
de n'être que ce qui émerge
de la part des nuages où se perdent mes pas.
Sur l'envers de l'oubli où mes pieds écrivent un chemin
qui joue les 'à quoi rime',
heureusement, il y a mon chat
pour ne pas vivre à moitié.
Jusqu'au jour où j'oublierai d'être là.
 
Jms 28 mars 2022
 

 

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Article publié depuis Overblog

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

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De feuilles et d'oiseaux

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)


J'aimerais tant habiter ce ciel de feuilles et d'oiseaux et ne jamais regarder en bas.
Ne plus voir courir au sol la peur des lendemains.
Ne rien savoir de ces heures où, entre chien et loup, la vie se joue au poker des fous.
Ne plus hurler quand on livre le vent, les fleurs et les enfants à la faucille des fossoyeurs de l'Histoire.
Ne rien savoir des dégommeurs du rêve.
Ne plus entendre les jardiniers du crime, leur fumier, leur chiendent, leur râteau, parler d'amour dans le crépitement de gueules de loup et la joie des chrysanthèmes.
Ne rien savoir de l'élite des sourds qui dînent au caviar dans leurs repas d'affaires au nez des affamés.
Ne plus rien entendre des maîtres chanteurs sourds-muets qui, sans sourciller, applaudissent la mort quand la marée-chaussée, au ciel jette des orties, de la poudre et du feu dans les hourras d'une foire grandiloquente où l'on brade la peau humaine.
Ne plus les entendre parler de pétrole et de bienséance quand la parole endimanchée appelle à des parades au pas de loi.
Ne plus voir applaudir ces messieurs de la haute finance qui, du ciel, ne connaissent que les cols blancs des vautours et qui vendent l'acier au cours du canon, si pressés de nous voir tous tomber dans la souricière funeste des tisserands de linceuls, nous parlent d'avenir et envoient les hommes à la mort.
Je ne veux plus entendre les discours toni-truants des persifleurs de haines, leurs envolées lyriques qui résonnent comme des injures à la vie, leurs nostalgies d'un siècle qui s'enivre de ses vieilles blessures et oublient que demain nos enfants piailleront comme des oiseaux gourmands d'alphabets d'amour.
Je ne veux plus les bréviaires de promesses d'hommes niant que les différences sont les facettes premières de la beauté.
Je ne veux pas jouer à triche et gagne.
Je ne sais qui, de vit ou meurt, a la meilleure donne.
Je ne sais que le goût des larmes et le cœur des mères.
Mais j'aimerais tant habiter ce ciel de feuilles et d'oiseaux, et croire que Quelqu'un nous écoute..

JMS  24/03/2022

" Printemps. " Huile sur toile.
Valery Vladimirovich Vatenin, 1967.

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Se reverra-t-on ? (Lettre à l'enfance algérienne)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Froisse et défroisse le ciel, le mot et les amitiés asthéniques.
Et toi, mon ami de si loin venu mais déjà parti, revois-tu notre rue ?
Dans les fissures du ciel et de l'heure, vois-tu là-bas l'absence, et le chevreuil qui court dans l'ombre des bois ?
Un homme ici-bas fond le plomb qui le tuera. La terre tourne sur elle-même comme une robe de derviche tourneur, danseur dont la prière n'arrêtera pas la balle.
Me vois-tu qui me perd dans la danse des jours?
Se reverra-t-on ? Ils sont si loin nos vingt ans.
Au matin, je vais, comme un homme éparpillé sur le sable d'une plage
oubliée, disséquer l'ossature du mot Vivre. J'y cherche la vie jusqu'à sa racine secrète, jusqu'à l'intime. Mais qui donc sait reconnecter le temps, revivre en mémoires tous les moments perdus ?
Je me souviens de l'hirondelle dans la cour, du chat et de l'escalier.
Mains tendues je marche en aveugle mais me cogne à l'oubli.
Qui étais-je pour l'hirondelle, pour son carré de ciel et de soleil ?
J'ai faim d'impossible, j'attends des hirondelles et des nuits d'étoiles étoffées d'un rire d'amis que rien ne déchire.
La mort est un silence au ventre des tombeaux qui se débat comme un absent qui ne veut pas l'oubli. Là d'où je viens, deux pieds dans le néant, mes rêves dansaient avec les étoiles.
La chaleur des nuits, sur papier teinté de firmament, s'irisait comme un poème dans mes soirées algériennes.
Lecteur invisible, j'ouvrais chaque constellation, chaque cri de martinet. Chaque syllabe d'étoiles filantes griffaient le mystère et un goût d'infini. Je ne savais rien de la déchirure ni du poème fermé.
Et toi mon pays, mon ami disparu, quand mes mots s'enfuient, quand le cœur bat des accords de sang et de passion, quand le chagrin est un navire sous l'écume, sais-tu que je suis un homme sans sillage dans ce qui me reste d'avenir ?
Encore il faudra que je te parle de cette maison aux fenêtres de vent qui accueillait les moineaux, du grand platane, et d'un môme à tête de piaf qui jouait sur le perron d'une porte qui ne trouve plus ses clefs.
Tout a changé, ici le ciel est si vide que les étoiles sont tombées, les êtres s'y croisent sans se regarder. Un vide sidéral les noie, une camisole d'indifférence est posée sur chaque regard.
La terre tourne sur elle-même comme une valse qui m'emportera.
Ils sont si loin nos vingt ans. Se reverra-t-on ?

JMS

 

Publié dans Textes de JMS

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Ile Eniger - Extrait de "Les pluriels du silence (à paraître)"

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Les mains vides de mots, elle touche aux heures sans paroles. Plus rien ne précipite un élan, un désir. Elle écoute le printemps qui a sûrement quelque chose à dire, à transmettre. Ce ne sont pas des murs qui entourent son jardin, mais une fatigue de longue nuit. Ô cette fatigue qui retient les jonquilles au ras du sol. Elle s'appuie sur la lumière dorée qui éveille plus tôt le jour. Un souvenir de caresses ponctue ses gestes. Du linge claque au vent comme un ange qui sèche. Des mésanges font la fête aux graines. Un chien aboie dans le lointain. Elle ressemble au soleil qui dort en rond sur le paillasson de l'entrée. Elle n'a plus d'âge.

Ile Eniger - Les pluriels du silence (à paraître) 

insula.over-blog.net/

Publié dans Ils disent

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