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Rêve de pierre

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois je suis persuadé que je vis dans le rêve d'une pierre au soleil qui s'invente un monde dans lequel je suis une particule qui se déplace. J'ai peur que la pierre se réveille et redevienne caillou, qu'elle m'oublie. Peut-être est-ce cela le mystère de vivre ! À la sortie d'un de ses rêves, la pierre a effacé mon chat et les fleurs  du jardin, et je suis là, seul à me demander où vont les chats et les fleurs quand ils partent chassés par l'éveil d'une pierre. Peut-être en reste-t-il quelque chose ? Et peut-être, moi aussi,  aurai-je une place en ce lieu ou résident peut-être aussi encore certains des miens. Les rêves de pierre sont des étoiles qui bougent et naviguent entre le ciel et l’avenir. Venu d’un atome premier, je cherche mon présent dans le passé. Fils d'un rêve cellulaire, je remonte la vie. Que reste-t-il de toi, de ma cellule originelle qui se fit poisson et fleur ? Tourne tournesol autour de millions de soleils, je suis l'enfant des multitudes, d'un arbre au caractère ombrageux, le frère d'un chat dévergondé qui inventa le jeu et la griffe oubliant les frayeurs de brousse ; je suis l'enfant d'un singe méditatif qui inventa le calcul et compliqua la raison, je suis de tout cela, et de vous aussi, fils des révolutions de la Terre et de l’évolution. Je ne vous oublie pas et j'ai mal quand vous maltraitez la progéniture de chair de sève et de sang qui m'enfantèrent. Je nous sais frères de vie sous le regard des pierres qui nous voient passer. Je suis une roche qui roule, un grain de vie dans le sablier qui court vers l'avenir. J'ai récolté la patience  et la mémoire des jours. Ne tuez pas la vie, j'ai mal à la banquise, aux fils de l'enfance des millénaires perdus dans les années lumière où s'éteint le vivre ensemble. Qui êtes-vous  frères de la cellule et de l'atome ? Où vont nos vies, nos douleurs, nos rêves ? Tourne, tourne le cosmos. Enfant du Vivant,  j'ai oublié mon futur et me contente d'être là. Ne frappez pas les pierres qui dorment, les cœurs de bois, les cœurs de sang et la senteur des fleurs, j'ai le futur fragile.

JMS 22/04/23

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Là où mon rêve s'éveille

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois,
à l'heure où le varech et le sable de mémoire
 baladent leur tristesse,
là où le rêve s'éveille,
voyageur d'infini
je parcours d'autres temps,
accoste des senteurs
de piment doux, d'orange et de cumin,
une voix m'y berce,
celle d'une mère qui chantait
"duerme duerme négrito".
Ceux qui n'en savent rien disent
que je retourne en enfance,
mais non,
à l'effacement du jour
je combats la guerre et l’exil,
j'épouse ma jeunesse.
Sous une pluie de rires et de soleil,
c'est un ressac de passé
où l'homme visite sa source.
JMS

 

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Quand je reviendrai, mon père, ne m'oublie pas.

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Là où les ventres forcés
ouvraient des berceaux sans pères
sans ciel, sans rires,
j'ai eu mal ma mère, mal mon père, mal pour vous.
Maudite soit l'humiliation,
et si le vent fut mauvais, j'ai pardonné au temps.
Quelle heure est-il, quel jour fait-il
que je m'y perde ?
La croissance des adieux vous enlève
à l'éventration du silence,
il pleut des arbres morts
pourtant, j'ai vu les cerisiers d'un printemps à Tlemcen
*
et la flamboyance des fruits d'espérance,
c'était en de lointains matins, en un monde disparu.
Tout part, tout s'efface, c'est le triomphe de la mort-sure,
l'écharpe barbare du souvenir est un collier de ciel et de soie
où l'hirondelle percute mes printemps.
Il y a des chants de pierre et des voix d'ailleurs
qui cabrent l'absence.
Mère, l'anneau à ton doigt cercle les décennies,
où es-tu dans la grisaille des bonheurs oubliés ?
J'ai mal mon père, mal pour toi, pour vous,
à l'explosion des spectres,
la nébuleuse du passé n'oublie rien.
Il est un détroit où je me rejoins,
je cherche un nid où abriter mon rire,
mais il est si tard à l'horloge des vies.
Je plie la distance,
le temps s'égrène plus vite que l'espoir,
demain je guérirai
au coin d'un rire revenu.
Nous avons connu l'heure du jasmin,
quand je reviendrai, mon père, ne m'oublie pas.

JMS

Tlemcen,* ville d'oranie

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Mars est parti

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Sans rien dire,
il y a moins d'une semaine,
mars est parti
avant même que n'arrivent les œufs de Pâques
me laissant encore bélier
sur un cadran astral.

Infidèle,
l'année m'a posé un lapin,
me revoilà, Cheval fou,
avec sur ma table, l'avenir,
ce gâteau courant vers sa fin
sous l'auréole de bougies.
La flamme de l'instant brûle en moi
comme une étincelle de bonheur
alors qu'une fuite de calendrier
m'arrache des cheveux et du temps
et que, dans l'in-dimension des ères
et les reliefs du silence
quelque chose murmure :
seule la vie à conscience du temps,
seule elle comptabilise les jours.
Cheval fou perdu au derby de l'extravagant
où le trot passe au pas,
rien n'affecte pourtant mon envie
de croire à l'impossible,
de me sentir partie de ce Tout
où le vent sidéral me porte et me dissout.

Je suis frère de la cellule, de l'atome et du rêve
dans ce champ où l'infini
invite à nous croire
vivants et éternels.
Merci au jour,
merci à ceux qui manquent
à ceux qui m'ont offert le voyage.

JMS

 

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Rendez-vous "Café Provence"

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L'automne s'est assis à ma porte
et l'hiver est arrivé.
L'absence et le vide crépitent autour de l'égarement des jours,
le jardin se dépeuple,
c'est une neige de mots qui glisse dans un frisson d'oubli.
J'aurais tellement aimé que l'on se retrouve
ailleurs qu'en ce festoiement de nostalgies,
autour d'une de ces tables de bar
où l'alcool enivrait nos mots de promesses à la vie,
intraitables comme l'étaient nos utopies
quand à 20 ans le besoin de vivre haut faisait tonner le verbe.
Amis, je vous donne rendez-vous "Café Provence",
à l'heure des déraisons et du temps perdu.
Ressuscitez mes amis,
reconstruisons un monde plus vaste que nos déceptions,
toi qui parlais d'un monde sans travail et de robots qui trimeraient pour nous,
toi qui voulais réinventer un art non contrefait
où le génie ne serait pas provocation,
toi qui nous parlais de Krishnamurti et de nouvelle conscience,
et vous, vous qui frissonnez dans l'ombre des mémoires,
vous de l'au-delà de toutes les vies que j'ai eues,
de celles qui allaient d'échec en reconstruction,
de rêves en larmes, de désespoirs en euphories,
savez-vous qu'après avoir voulu en mourir,
à l'heure où viennent les enfants
j'ai trouvé le monde si beau
qu'avec ce qu'il me reste de vie
je voudrais rebâtir le futur
le repeupler de nous,
de nos doutes et de nos rêves.
Pas besoin d'architectes, de fils à plomb,
ensemble allons, à tort ou à raison,
sur cette passoire où le fil du temps s'écoule en nous emportant.
Peuple de ma mémoire,
je veux encore nourrir l'amour,
regarder les enfants et du profond de nos échecs
leur dire "votre tour est là".
Encore il faudra appeler le soleil
la révolution vit dans les cœurs,
aucun idéal n'est vain
quand on attend demain.
JM
S

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