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Hommage aux disparus du cinéma

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Texte écrit pour le spectacle ayant pour thème le centenaire des studios de la Victorine à Nice,  donné lors du  Salon du Livre de Nice le 31 mai 2019

 

C'est un temps de rien,

C'est votre voix, Monsieur Marielle,

qui à jamais retentit

sur ce chemin d'absence où les heures se perdent.

C’est un temps de rien, un temps de tout.

C'est votre rire, Monsieur Rochefort, qui s'égare dans des nuits d'océan.

C'est la présence indistincte d’un oiseau blessé

et le jour qui revient sur la pointe des rêves.

C’est un chandail de brumes oublié Hôtel du Nord

et Arletty qui traverse le cri d’un amour,

c’est une gueule d'atmosphère qui s’éloigne sur la pointe des pieds.

C’est le rire des oubliés qui claque à contre silence,

Raimu qui "nous fend le cœur",

la nostalgie qui cherche ses mémoires au royaume des disparus.

C'est une dernière larme au rebours d’une montre arrêtée.

C'est encore entendre Jean Gabin dire "T'as d' beaux yeux tu sais"

et ne rien oublier du regard de Michèle Morgan.

C'est à l’encre du rêve et du cauchemar,

ce Vieux fusil, aux mains de Philippe Noiret.

C'est revoir Michel Simon dans Le vieil homme et l'enfant.

C'est Casque d'or aux bras de Serge Reggiani.

À l’heure où le jour s'assombrit,

c’est la nuit qui tombe sur les rires du matin,

Bourvil et Galabru dans leur dernière tirade,

Jean Cocteau et Jean Marais à la Victorine,

Annie Girardot qui retrouverait la mémoire,

Anémone sur Le grand chemin,

 Agnès Varda surfant sur la dernière vague,

et la voix de Sacha Guitry qui nous conte Paris.

C’est un temps de tout, un temps de rien,

une vieille nostalgie oubliée Quai des Brumes.

C'est une muraille de mots

que le silence enferme.

 

JMS

 

Publié dans JMS - A paraître

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En attendant l'Ange

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je les vois qui courent, s'agitent

Cœur immortel

La fleur aux yeux et des rires en cascade.

 

Je les vois, à la chevauchée des rêves intrépides

Dans des envolées papillons sur les chemins des possibles

Je les vois qui s'embrasent aux candeurs de l'espoir

Qui ignorent les embûches

Oiseaux libres dans un monde où la peur

n'a pas encore dressé ses frontières

Je les vois

À la marelle, à l'encre des alphabets

qui jouent à qui perd gagne

Qui passent le jour et ignorent les impairs.

 

Posé sur un nulle part du Temps

Je cherche l'avenir dans le regard de ces enfants

Je les regarde qui glissent sur les rivières de l'heure

 

On n'arrête pas le vent, on n'arrête pas les jours

Ni le tic-tac chronophage des siècles qui rongent l'éternité

Je n'y peux rien, les minutes me clouent à mon impuissance

Les enfants nous regardent et c'est moi qui tremble

Je ne sais plus où habite l'avenir.

 

Si longtemps que le jour m'a saisi

Si longtemps que j'ai l'âme griffée à de vains espoirs

Si longtemps que j'assiste au naufrage du rêve

Si longtemps que la joie se noie dans des océans de plastique.

 

Ma petite fille me regarde

Moi qui me demande si l'homme dans le miroir me ressemble

Si je suis à la taille du costume qu'elle me prête.

 

Celui que j'aurais voulu être est triste

Comme une entaille dans le futur.

 

Ma petite fille me regarde

Les enfants nous regardent

J'avance sur des solitudes chagrines

Où encore j'attends l'ange.

 

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Festival du Livre de Nice - 31 mai, 1er et 2 juin 2019

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Festival du Livre de Nice - 31 mai, 1er et 2 juin 2019
Festival du Livre de Nice - 31 mai, 1er et 2 juin 2019
Festival du Livre de Nice - 31 mai, 1er et 2 juin 2019

Publié dans Informations

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À l'absence de l'ange

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Il y a des jours où l'ange n'est plus là

et où tes ailes se brisent.

 

Un chat reste près de toi,

tu voudrais l'emporter avec toi

dans ce sommeil des montres

où se jouent des Te Deum inaudibles,

dans ce silence majuscule

où se perdent les rêves altérés,

où ton siècle s'égare.

 

À l'éphéméride des disparus,  

reste une larme séchée,

une larme, un siècle, une question.

 

J'ai froid.

Au silence des oubliés,

une clameur blanche de Requiem

résonne comme un rire avorté.

L'ange n'est pas venu,

l'espoir grisonne comme un blé glané

quand la terre est fatiguée.

 

Parfois, à la fenêtre des lendemains,

ton souffle se cherche

et tu te crois arrivé.

Ta vie est déjà pliée,

prête à épouser cette robe de sapin

qui ne fêtera plus noël.

 

Tu t’arque-boutes

sur des images jaunies,

tant d'amis sont partis

qui agrandissent le vide.

 

Parfois, dans les odeurs d'hier,

venue de loin,

cette vieille compagne d'enfance

qui te demandait pourquoi aller plus loin

quand le jour ne savait plus chanter,

est de retour.

 

Dans un coin de mémoire,

une femme qui te nommait mon fils,

des mots égarés

un vélo oublié dans la cour du patio,

les hirondelles de mars,

et tu te demandes

pourquoi tu es encore là

et si aller à demain

est encore utile

quand l'ange

n'est pas là.

Quand l'ange

n'habite plus chez toi.

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Lettre aux locataires du pouvoir

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Quand les loups chantaient
un ciel angora rongeait les chants des oiseaux
et les mémoires d'ailleurs

Où étiez-vous quand l'hiver s'enrayait ?
Vous qui nous disiez :
Laissez vos cœurs brûler et consumer vos âmes
laissez la flamme effacer vos regards
avancez et marchez, ainsi va le monde.

Sur ce chemin de fin de ronde
vous étiez princes parmi les autres
vous qui nous disiez :
Laissez venir la mort et le tracas
laissez tuer l'oiseau et le jour
tant pis si les enfants attendent.

Hier
j'étais le roi des fous et vous étiez les loups
vous étiez le vent, le temps et l'orage
les vôtres emportaient tout sur le chemin
les hommes, pourtant, avaient couleur de blé.

Dans la tempête qui venait
prince parmi les autres
vous nous laissiez sur le carreau
il y avait du vent et des nuages
encore je caressais le goût d'un vieux printemps.

Partout où les loups chantaient
un ciel anthracite effaçait l'amour
et les mémoires d'ailleurs.
Vous, vous étiez là à nous faire croire
que le rêve de l'autre n'est pas le nôtre
à nous faire croire
qu'à fermer son regard, on voit mieux les siens.

Vous étiez là, loups aveugles et sourds
à nous faire croire qu'à ne pas entendre
on grandit mieux le bonheur.

Vous étiez loups
Vous étiez là, à nous faire croire
que la douleur de l'autre n'est pas la nôtre.

Saviez-vous
qu'à ne rien entendre de la douleur de l'autre
qu'à ne rien voir des malheurs de l'autre
qu'à ne rien vouloir savoir du rêve des autres
on perd nécessairement son âme ?

Partout où vous chantiez
mouraient les chants des oiseaux et les enfants.

Quand votre horde chantait
un ciel kaki, endimanché à la parade
à l'agonie des espérances
nous tricotait de fausses Marseillaise.

J'étais le roi des fous et vous étiez les loups
vous étiez le vent, le temps et l'orage.

http://chevalfou.over-blog.net
JMS (texte à paraître
)

 

 

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La robe étoilée

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Quand on me revêtira
de cette robe à la taille de la nuit
à la mesure de mes silences

Mes enfants, ma femme

Quand j’aurai eu mon content
d’oxygène et d’heures

Mes amours, mon amour

Quand après avoir été présent
il me faudra crier absent

Ma femme, mes amours, mes enfants
ne gardez que nos bonheurs
vous n’êtes pas de mes regrets

Quand j’aurai été

Quand cette robe
à la taille de la nuit
à la mesure de mes silences
sera ma dernière maison

Je reviendrai
dans des cris de mémoire

Vous serez mon sourire d’éternité
comme les yeux verts d’une chatte
comme griffe de satin
comme un frisson du vent
qui agite des ombres

Mes enfants, mes amours
je reviendrai

Comme un frisson dans le vent
repeindre mes regrets
effleurer les myosotis.



In : Chemin de pluie et d'étoiles -Tome 1
Compilation de 3 livres aux éditions Chemins de Plume

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Jean-Marc La Frenière : Tantôt les mots

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Monter si haut

louper la marche

tomber si bas

se relever comme un enfant

à chaque nouveau pas

réapprendre à marcher

 

Tantôt les arbres

tantôt les mains

tantôt les bêtes

tantôt les uns

tantôt les autres

prendre racines avec chacun

prendre la vie à bras le corps

 

tu es venue

tu es partie

le ciel s'est refermé

sur tes derniers regards

et je t'écris dans les cafés

les cernes de bière et la poussière

 

que l'on soit mille

ou chez personne

tantôt les poings

tantôt les mots

tantôt les uns

tantôt les autres

devant la vie qui en arrache

nous sommes tous un peu coupables

 

Jean-Marc La Frenière

http://lafreniere.over-blog.net/

Publié dans Ils disent

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Un temps de rien, un petit tour, et vous partez

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Jean-Pierre Marielle

Jean-Pierre Marielle

Adieu Monsieur Marielle

 

C’est un temps de rien, un temps de tout.

Un cri de baleine perdu dans des nuits d’océan

la présence indistincte d’un oiseau blessé

et le jour qui vient sur la pointe des rêves.

 

C’est un bleu perdu dans le chandail des brumes

une fête qui se joue dans le cri d’un amour

et Verlaine qui s’éloigne sur la pointe des pieds.

 

C’est une nostalgie qui cherche

ses mémoires au royaume des vivants

un cliquetis d’aiguilles qui cherche

sa route au rebours d’une montre arrêtée

et la chaussure de Rimbaud à l’orphelinat des amputés.

 

C’est Soutine et Chagall cherchant leurs pinceaux

l’encre du rêve et celle du cauchemar

à l’heure où le jour se dissout

et la nuit qui tombe sur le rire des enfants.

 

Ce sont les mains de Grand-Père s’approchant du poêle

Apollinaire et Max Jacob mourant loin de la Ruche

et cette muraille de mots qui entrave le silence.

 

C’est un temps de tout, un temps de rien

le jour qui passe sur le visage d’un ange

et la nuit qui se lève sur un visage de femme.

 

C’est une nostalgie qui croise la brume

un chien qui court comme on efface les siècles

et la mémoire qui se cherche au royaume des morts.

 

JMS in Dieu, le silence et moi

 

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En avant la musique

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je me rappelle…
Il y avait eu du soleil bien avant l'orage.
En ces temps, je me parlais gentiment. Le lundi, à la curée des petits chefs, je me sermonnais tendrement : dis bonjour à la dame, mouche ton nez, aie l'air gentil, retrousse tes manches, baisse les yeux…
Je me disais : fais lapin et tu verras, coté cœur ça fait toujours mouche. C'est sûr, l'Autre, celui qui habite les nuages, le dompteur d'anges, ne t'aura pas dans le nez.
Je me disais : le clown a un pied beau coincé dans les portières du vent, des rires harassés dans les prisons de l'attente, un  nez rouge dans la chasse aux minutes. L'arc-en-ciel est en pente, il glisse. Sur la palette des bleus, le nez rouge est bredouille. Le clown parcourt la vie à cloche-pied, le soir venu sur scène, il rit.
Je me disais : fais l'oiseau, la colombe, l'autruche, souris dans le blizzard, vois des étoiles dans le noir.
Je me disais : si c'est loupé, s'Il fait tempête, appelle le printemps et fuis l'hiver.
Le clown a une tête lourde, le regard froid, des trous de mémoire, des coups de blues, la l'âme à l'œil, des bleus aux armes, une épée dans le cœur.

Je n'aime plus les clowns à nez rouge. Quand je me reverrai, je me fusillerai du regard. Pas chaloupé, j'irai me voir danser comme on pleure sur ce dernier tango égaré à Vienne dans les contre-chants d'une valse à quatre-temps éperdument triste, qui rêve d'un Buenos-Aires qui ne connaît rien du musette. Et moi dans la peau de l'Auguste, j'aurai du plomb dans l'aile, du givre en été, une bosse des maths, des boyaux torsadés, le regard creux. Je rirai et, me regardant, je m'écrierai : en avant la musique !

JMS -In de "De moi à moi"

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Petit délire de Pâques (J’ai l’œuf)

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Avant que je ne sois
avant d'être frais, rose et neuf
j'ai habité le rêve d'être
j'ai habité dans cette constante du bonheur
où il n'y a jamais ni rires ni larmes
où l'œuf du serpent n'a pas sa place

Avant que je ne sois
j'ai habité un ailleurs où le bleu mangeait l'hiver
un ailleurs où l'hiver n'avait rien à faire
où jamais il n'y avait rien de vieux, rien de neuf
j' habitais les territoires de l'attente
où rien jamais ne froisse l'habitude

Avant même que d'être
j'ai habité
le lieu même d'où l'on avait chassé l'œuf du désir
les neuf voluptés, l'odeur du chocolat
et Ève aux cheveux d'ange    

J'ai habité
où Dieu met tous ses œufs dans un même panier
là où parmi les saints, jouer n'est pas un jeu
partout
des colombes, des dindes
et des poules aux œufs d'or

partout
du ciel au poulailler
du poulailler au ciel une marmaille d'œufs
d'œufs à cheval qui tournent manège
d'œufs coque qui font des petits
d'œufs mimosas qui font le printemps
de Fabergé en paquets d'or, d'œufs en fête
d'œufs mollets qui font tartines
d'œufs durs qui font toupies
d'œufs en goguette qui se prennent pour des coqs

Dans ce monde en coquille d'œuf
aucune grisaille à frontière de ciel
aucune misère
pas une veuve pas un veuf
rien de joyeux de belliqueux
rien de juste de mauvais
ni rires aux enfants sages
ni larmes aux enfants de passage
aucune douleur entre l'œuf et le poussin
toujours de quoi n'avoir ni faim ni froid
toujours de quoi être plein comme un œuf
 
                    Au pays merveilleux                   
que du bleu du bleu du bleu
jamais rien de mieux
jamais rien de pire

l'œuf du désir dormait
les jours se suivaient à la queue leu leu
jamais rien de plus
jamais rien de moins
de quoi toujours avoir l'œuf

Et toujours l'attente d'être un être neuf
qui rit qui mange qui boit qui pleure
toujours l'attente du mystère
toujours ce rêve en quête des neuf euphories
toujours cette impatience qui brise la raison

Je suis parti
en marchant sur des œufs
loin des anges et des dieux
à chercher l'œuf du désir
et Ève aux cheveux d'ange
j'ai laissé ma coquille

On m'avait dit :
En bas,
la vie n'est pas un jeu
là où tu vas
les poules ont les dents si longues
qu'elles tondraient les œufs pour avoir du blé
en bas
on ne peut avancer sans casser des œufs
là où tu vas
on vole un œuf aussi facilement qu'un boeuf
en bas, ne mets jamais
tous tes œufs dans le même panier

Sans un adieu je suis parti
ma coquille s'est brisée
maintenant je suis né
Pâque est passée
j'ai des tristesses et du malheur
j'en suis plein comme un œuf

Partout
des œufs battus des œufs pochés
des œufs pochards des débauchés

partout
des oeufs au beurre noir des œufs fracassés
des œufs cassés des œufs brouillés

partout
des œufs brisés des crânes d'œufs

partout
l'œuf du malheur le ventre vide

partout
des couteaux neufs
sur le cœur des veufs sur le cœur des veuves

partout
l'avenir l'amour que l'on tue dans l'œuf

partout
l'œuf du destin
sur la conscience aveugle piétinée

partout
du malheur plein les coquetiers

Depuis
chaque jour
j'ai des colères que j'étouffe dans l'œuf
je ne fais pas de miracle
les saints les anges ont déserté mes cieux
je ne sortirai pas un lapin de l'œuf

Depuis
chaque jour
je regarde le monde droit dans les yeux  
et lui dis :
va te faire cuire un œuf !

JMS in : Derniers délires avant inventaire (2009)

Publié dans Textes de JMS

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